Exposition d’art africain ancestral

Le royaume Kuba et son héritage

Le Royaume Kuba est une entité historique majeure d'Afrique centrale, fondée en 1625 dans la région actuelle du Kasaï Occidental, en République Démocratique du Congo (RDC). Situé entre les rivières Kasaï et Sankuru, ce royaume reflète une organisation politique et culturelle sophistiquée, ayant survécu à la colonisation. Bien que des preuves historiques remontent à la fondation officielle du royaume, certaines traces laissent entrevoir l’existence de cette civilisation dès le Ve siècle. Centralisé autour de la dynastie des Bushoong, le Royaume Kuba se distingue par des traditions minutieusement préservées et transmises par ses historiens de cour.

Le territoire Kuba, riche en biodiversité et en ressources naturelles, a servi de toile de fond à une culture florissante. Le rôle de la femme y est central, particulièrement à travers le système matrilinéaire instauré au XIIe siècle sous le règne de Woot Makup. Ce souverain révolutionnaire plaça ses petits-enfants par ses filles comme successeurs, établissant ainsi la femme comme pilier du royaume.

Un espace est consacré à l’art africain ancestral, présenté en collaboration avec AfroMusée. On y découvre des archétypes du Royaume de Kouba, situé au cœur de l’actuelle République démocratique du Congo, offrant ainsi un lien entre héritage culturel et création contemporaine.

L’Art Kuba 

L’art Kuba est indissociable de son contexte politique et spirituel, souvent lié aux rois, dignitaires et rituels d’initiation. Le tissage de raphia illustre cette richesse artistique. Cette fibre, obtenue à partir des jeunes feuilles de palmier, nécessite une technique méticuleuse pour produire des étoffes délicates. Ces textiles servent à la confection de vêtements et d’accessoires symboliques utilisés lors de cérémonies royales et rituelles.

Outre le raphia, les Kuba excellent dans la création d’objets utilitaires et décoratifs tels que des paniers, tambours, couteaux et contenants de vin. Ces œuvres témoignent d’une esthétique raffinée et d’une technicité exceptionnelle.

Les masques Kuba représentent une autre facette essentielle de leur art. Ces masques, souvent portés lors de cérémonies ou de rites de passage, incarnent des figures historiques ou mythiques. Par leur sophistication, ils racontent les récits fondateurs du royaume, tout en honorant les esprits de la nature et les ancêtres.

Les trois masques primordiaux, symbolisme et rites Masque de la Reine-Mère Mukenga

Ce masque somptueusement décoré, orné de cauris et de perles de verre, est associé à la richesse et au pouvoir. La trompe stylisée et les plumes rouges évoquent l’éléphant, symbole de force et de prospérité. Utilisé lors des funérailles aristocratiques, il met en avant l’association entre les esprits des ancêtres et le royaume.

Bwoom : Le Masque du Prince

Bwoom, l’un des trois masques royaux majeurs, représente une figure controversée selon les interprétations : un prince souffrant d’une condition neurologique ou un membre des premiers habitants twa de la région. Ces masques, riches en détails, réinterprètent les épisodes de la fondation du royaume lors de performances rituelles.

Ngaady A Mwaash : Hommage aux Femmes

Le masque Ngaady A Mwaash célèbre le rôle des femmes Kuba, illustré par des motifs triangulaires symbolisant les pierres de foyer et des lignes évoquant les larmes. Porté par des hommes, ce masque illustre la complémentarité homme-femme, indispensable à la cohésion du royaume. Les rituels associés reconstituent des épisodes mythiques et soulignent les défis liés à la place des femmes dans les sphères de pouvoir.

La femme et l’héritage spirituel

Sous le règne de Woot, fondateur légendaire du Royaume Kuba, la femme occupa une position prédominante. Elle fut reconnue pour ses contributions techniques et spirituelles, notamment l’introduction de la technique de production du feu. La reine-mère Ngokady, figure emblématique de ce système, est célébrée pour avoir enrichi la culture Kuba, notamment en introduisant la culture du piment et en commanditant des œuvres d’art telles que des masques représentant les femmes.

Le système matrilinéaire établi permit à des femmes d’accéder au rôle de régentes ou de reines-mères, renforçant leur importance dans la transmission du pouvoir. Toutefois, leur rôle fut parfois limité par des contraintes sociales, comme l’illustre l’épisode impliquant Ngokady durant ses menstrues, utilisé pour restreindre l’accès des femmes au pouvoir pendant certaines périodes. Malgré ces obstacles, les femmes du Royaume Kuba demeurent des symboles de force, de résilience et de complémentarité.

Présentée en collaboration avec